If you love somebody, set them free

Publié le 11 mai 2014 par Catherine Dupont

C’était encore une de ses journées où le soleil allait lécher nos corps se lézardant sur les chaises longues, c’était encore une journée que nous allions passer dans cette quiétude que seule la saison chaude sait produire en effaçant d’un jet nos soucis quotidiens, le temps d’une saison, le temps de quelques instants…

J’aimais passer du temps à côté de lui, j’aimais le voir affalé de tout son long sur sa chaise, sa casquette a demi enfoncé sur son crâne chauve, tirant nerveusement sur sa cigarette, savourant à petites gorgées son café noir, son regard d’une douceur sans égal, son sourire toujours prêt à trouver une répartie drôle, une situation amusante, un commentaire à vous arracher un rire. Il avait encore lancé une blague au garçon qui lui apportait son café, une petite conversation, un gros pourboire parce qu’il est gentil, il est de ceux que les gens aiment sans façon.

Je savais que dans pas longtemps il allait se lever pour décréter qu’il était temps de se baigner, je savais qu’en disant non il irait se jeter à l’eau, en ramènerais dans le creux de ses mains pour me la jeter, qu’il irait jusqu’à essorer son long short plein d’eau pour en ramasser le plus possible à mettre sur ma tête, qu’il ferais tout pour me priver de ma sieste au soleil jusqu’à ce que je jette l’éponge et mon corps dans l’eau avec, je savais qu’il allait entraîner tout le monde, je savais qu’on allait bien rigoler, je savais qu’on allait faire les fous de nous même et je savais que comme il a décider de se baigner, il décideras qu’il est temps de faire une sieste bien méritée.

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J’aimais passer du temps à côté de lui, parce que de lui se dégage cette gentillesse qui vous réconcilie avec le genre humain, parce qu’il a cette finesse qui fait que toutes ses blagues sont comme des baumes sur le cœur, parce qu’au fond de ses yeux il y a tellement de non dits, parce qu’il ne sait partager que le bon et garde le reste bien cadenassé loin des regards indiscrets.

Depuis toute gamine, j’aimais passé du temps à côté de lui, parce que c’est lui…

Nous scrutions les visages tout autour, la petite qui se baignait juste en face et qui nous montrait fièrement ce qu’il lui avait appris la veille. Elle plongeait désormais, parfois sur le ventre et ça faisait mal, la suivante elle s’appliquait, elle ressortait toute fière pour recommencer, on l’encourageait, on riait parfois de ses maladresses mais seulement quand elle était sous l’eau, on corrigeait ses gestes et ses positions, chacun à sa façon, mollement sans résister à cette nonchalance que le soleil nous imposait … elle viendrais sûrement se plaindre si on arrêtait …

Un petit bonhomme passa juste en face de nous, pas plus grand que trois pommes, arborant un jolie tee-shirt sur lequel on pouvais lire en grosse lettre moulées : If You love somebody, set them free (si vous aimez quelqu’un, donnez lui sa liberté), je trouvais ça si joliment dit.

”Sympas le tee-shirt” je disais, je ne savais pas que ça lui avait autant parlé, je ne m’attendais pas à ce regard qu’il avait. Je vous avait prévenue, dans ses yeux il y a tellement de non dits.

Mais cette fois, il parla, en des mots maquillé mais il parla, un discours certes décousu, mais il parla: ”Quand on aime, me dit-t-il, a-t-on le droit d’empêcher celui qu’on aime d’empreinter le chemin qu’il désire, même au nom de notre bonheur, a-t-on le droit de lui dire non? Quand on aime, on est heureux de le voir aller son propre chemin, on peut ne pas être d’accord, cela peut être contraire à tout ce qu’on est… Mais quand on aime, notre bonheur est dans le sien…”

Je ne savais quoi répondre, je savais pourtant de quoi il parlais, je savais les choix de sa compagne contraires aux siens, je la savais engagée dans un monde qui lui est étranger, un monde de dévots, de zélés et de convaincus que le chemin est un, un et un seul. Je savais qu’il pensait aux temps où ils se baignaient accrochés l’un à l’autres, se moquant des regard des autres, Je savais que tristement il la voyait s’éloigner de ce qu’elle était, je savais qu’il essayait tant bien que mal de s’accrocher, sans cesser d’être lui, sans cesser de l’aimer, je savais les gens dire sa faiblesse et la condamner, je voyais à ce moment sa force d’aimer, car ce n’est que force que d’aimer.

La petite nous criait de regarder, décidément son plongeant ne cessait de s’améliorer…

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